
La Guerre au Temps de l’Amour
Tragi-comédie de Jeton Neziraj
Traduit par Anne-Marie Bucquet Mise en scène par Simon Pitaqaj
Avec la participation ponctuelle de Cinzia Menga (Travail corporel)
Il m’a semblé important de traiter avec des jeunes comédien(ne)s un texte contemporain afin d’aborder la dernière guerre européenne méconnue de cette génération : le conflit en ex-Yougoslavie. Cette guerre a laissé des traces, le sujet est toujours brulant vingt ans après. Plonger les futur(e)s comédien(ne)s dans cet univers complexe, c’est ouvrir une réflexion sur le monde qui nous entoure. C’est transposer l’histoire passée à certains pays actuellement en conflit. C’est aussi les immerger dans un théâtre politique, d’urgence. Une nécessité de prendre la parole et de s’exprimer dans un monde qui semble de plus en plus chaotique. Enfin, c’est transmettre un théâtre de mémoire, d’amour, de désir et de justice.
L’histoire se déroule dans un salon de beauté. Ce dernier est la métaphore d’une société malade dont les blessures d’un passé traumatique sont maquillées, embellies par le mensonge et la corruption des politiques. Jeton Neziraj a écrit cette pièce pour quelle soit jouée seulement par quatre femmes. Or, le texte comprend ces quatre protagonistes et une galerie de personnages !
Notre travail avec les douze élèves a consisté à s’emparer de tous les rôles, tout en créant une choralité. Cette nécessité de prendre la parole, nous raconte une partie de leur vie. Est-ce des souvenirs réels ou fictifs, des rêves, des fantasmes, des désirs, des morts, des vivants ? Est-ce leur vie ?
Ils nous font revivre des scènes comme celle du colonel qui aurait commis des crimes, ou bien l’histoire d’amour entre une jeune mariée et un homme serpent, des séparations déchirantes, des femmes loufoques, des fantômes, des malades, des médecins.
Le passé se mélange au présent. Le présent est brouillé avec les désirs inassouvis du passé, les fantasmes d’une vengeance terrible, les rêves d’une justice équitable, les angoisses du retour des bourreaux. Tout cela mélange fiction-réalité.
Habiter par la violence de ce conflit, le présent est devenu un cauchemar.