LE PONT

 « Sur les fondations du Pont, vous devez faire un sacrifice. Outre un bélier ou un boeuf, vous devez sacrifier une âme humaine. Demain matin, la première de vos épouses qui vous apportera à manger, sera emmurée vivante. »


D’après le roman d’Ismaël Kadaré, Le Pont aux trois arches
Adaptation, mise en scène : Simon Pitaqaj
Avec : Redjep Mitrovitsa, Arben Bajraktaraj, Cinzia Menga
Assistante à la mise en scène : Santana Susnja
Collaboration dramaturgique : Jean-Baptiste Evette
Création sonore : Liburn Jupolli
Création lumière : Flore Marvaud
Costumes : Vjollca Bega
Construction plateau : Emanuel Macaigne
Construction tête : Julie Bossard
Création : 2018

L’adaptation d’un roman et d’une légende pour deux acteurs et une danseuse

Résumé de la pièce : La légende

La joute a lieu en bas d’un pont en construction dont les avancées de la veille sont étrangement détruites chaque matin. Ce mystère offre l’occasion au Moine de livrer à l’étrange personnage du Glaneur les légendes qui entourent ce Pont. Il raconte alors ce drame ancien de trois ouvriers, trois frères, qui face à la destruction quotidienne du pont sur lequel ils travaillent, se voient confier un terrible secret. Un sage, en échange de la « Besa » (la parole donnée) de n’en parler à personne, leur révèle comment réussir à accomplir leur œuvre. Ils devront réaliser le sacrifice sur le pont d’une âme humaine. La première femme de trois frères à venir leur apporter à manger sera emmurée vivante. Deux d’entre eux ne peuvent s’empêcher de briser le pacte et se confient à leur épouse, alors que le dernier, se taisant, enverra sa moitié à une mort cruelle, emprisonnée dans la première arche du pont.
Avant de mourir, elle demanda qu’on exauce son dernier souhait :
« Laissez-moi un oeil pour que je puisse voir mon enfant,
un bras pour le caresser,
un sein pour l’allaiter,
et une jambe pour le bercer. »
Puis, dans une dernière plainte, elle récita ces deux fameux vers:
« Que tremble ce Pont
Comme je tremble en ce mur. »


La pièce

Le Moine ravi de faire revivre les légendes anciennes ne se doute pas que ces vieilles ballades révèlent au Glaneur l’identité profonde du pays, son culte de la parole donnée et la situation trouble du moment. D’autant qu’il lui confie que ce pont est celui qui relie le monde des vivants à celui des morts. Entre les mains du Glaneur, ces anciennes légendes se révèlent être de puissantes armes pour procéder à un sacrifice sanglant et faciliter le passage de la menaçante invasion turque. Au-delà du mythe Le Pont oppose deux conceptions des légendes : la parole ancienne pour commémorer et réconcilier ou au contraire pour manipuler et tuer.


La mise en scène 

Les tableaux de ce drame mêlent efficacement des thèmes puissants et archaïques; le sang versé pour cimenter un nouvel ordre, le rapport entre les morts et les vivants, et des questions d’une grande modernité, avec la montée en force de groupes aussi puissants qu’anonymes, qui parlent taux d’intérêt, indemnités, chiffres, mais dont les calculs seront également souillés par le sang…
C’est toute la riche ambiguïté, toute la fluidité moderne qu’interroge Le Pont.
Ce passage ouvert, cette divulgation de la parole, ce lien avec l’extérieur causeront-ils la dissolution des identités, leur détournement à des fins bassement mercantiles ou populistes ? Ouvriront-ils le chemin à une invasion froidement commerciale ou à la domination d’un voisin qui nous ressemble autant qu’il paraît étranger ? Et à quel prix ? Combien faudra-t-il sacrifier d’innocents pour fonder ce nouvel ordre ?
Sans jamais nous livrer de solutions toutes faites ni simplifier des ambiguïtés fécondes, Le Pont brasse des questions essentielles, aux couleurs bariolées et parfois brutales des Balkans, dans lesquels s’est si souvent décidé l’avenir de l’Europe.
Jean-Baptiste Evette


La Presse

« Tout le charme du spectacle vient du contraste entre le phrasé fluide, régulier et comme magnétique de Redjep Mitrovitsa (le moine) marchant à pas comptés dans une robe qui n’est pas d’église (costume de Vjolica Bega) et le parlé plus heurté, la démarche plus saccadée d’Arben Bajraktaraj (le glaneur). Le tout, épisodiquement, sous le regard comme absent de l’emmurée (Cinzia Menga). On est là dans un théâtre qui délaisse le temps présent pour remonter aux origines. » Jean-Pierre Thibaudat, Balagan


 « Fruit d’un travail approfondi, creusé à la pointe sèche et recreusé à travers une série de lectures publiques mises en espace, Le Pont, déploie sur un échiquier rigoureux la chorégraphie d’une légende ancienne, ressuscitée puis dévoyée, et finalement hissée aux dimensions du mythe par ces diverses mutations. Servis par trois comédiens d’exception, Redjep Mitrovitsa, Arben Bajraktaraj et Cinzia Menga, le texte et la mise en scène déploient le drame et sculptent l’espace du sacrifice, autour d’une paradoxale et impressionnante présence-absence de la victime. » Jean-Baptiste Evette


« Deux hommes se font face. D’un côté le Moine, qui connaît les antiques légendes ; de l’autre le Glaneur, qui veut les utiliser. Redjep Mitrovitsa et Arben Bajraktaraj les interprètent avec une intensité exceptionnelle, modulant de la voix et du souffle chaque étape de ce dialogue dense qui a des allures de combat chorégraphié. Entre les deux, Cinzia Menga incarne, par sa présence hypnotique, la femme emmurée dans le pont, le corps des suppliciés par l’Histoire et la tendresse qui doit demeurer comme espoir. Le conflit est entre ceux qui considèrent la parole comme un baume et ceux pour lesquels elle est une arme.
En disant à nouveau la légende du pont, Simon Pitaqaj et ses flamboyants comédiens paient la dette des serments oubliés. Le théâtre la répète pour qu’enfin l’Histoire cesse de la réclamer. Simon Pitaqaj, avec ce diamant noir théâtral, ne fait pas seulement œuvre d’orfèvre mythologue : il fait de la scène l’espace pacifique de la parole réconciliatrice. » Catherine Robert, La Terrasse


« Pour incarner ce texte tout en métaphores, où la langue se savoure comme le pays, deux grands acteurs, Arben Bajraktaraj, et Redjep Mitrovitsa, qui interpréta un Hamlet inoubliable à la Comédie-Française et laissa Avignon le souffle court après sa performance dans le Journal de Vaslav Nijinski, en 1994. (Voir Un travail d’art inouï, Jean-Pierre Leonardini : https://www.humanite.fr/node/84500). A leurs côtés, la comédienne et chorégraphe Cinzia Menga. Ensemble ils donnent corps et voix à cette légende cruelle et flamboyante qui nous touche et nous subjugue. »  Marina Da Silva, L’Humanité


« Simon Pitaqaj adapte et met en scène le roman Le pont aux trois arches d’Ismail Kadaré, qui entrelace dans l’Albanie du Moyen Age légendes archaïques et bouleversements historiques. Avec deux excellents comédiens : Redjep Mitrovitsa et Arben Bajraktaraj. » Agnès Santi, La Terrasse


« Le pont est une métaphore du chemin vers le salut, le symbole d’une initiation, une transition entre deux moments intérieurs, du côté où l’on est jusqu’au lieu de l’interdit ou du mystère à découvrir puisque le pont est destiné au passage, à l’ouverture, à l’autre, et au monde dans une digne circulation existentielle. Pour interpréter les deux camps ennemis qui s’opposent, dans un premier temps, et pour lesquels il faudra bien, avec le temps encore, passer outre les différences, deux acteurs s’affrontent d’un bout du pont à l’autre, deux belles figures de la scène. Arben Bajraktaraj, visage de guerrier expressif et taillé dans le roc, verbe heurté, incarne le Glaneur de légendes et d’épopées, le collecteur d’images culturelles populaires. De l’autre côté de la rive, se tient le Moine sage et éloquent, Redjep Mitrovitsa, à la diction au beau rythme ample, prêt à l’envol, limpide comme un cours d’eau. Une lecture entêtante dont les images poétiques gagnent l’attention et les cœurs. Véronique Hotte- https://hottellotheatre


« Lire, lire et transmettre de façon envoûtante l’histoire de ce pont ; c’est le pari du metteur en scène, relevé avec brio par ces deux acteurs Redjep Mitrovitsa et Arben Bajraktaraj. Le premier est moine, le second est glaneur d’histoires. L’un est l’image d’une sagesse torturée, l’autre plus ambigu, ne cesse de prendre des détours et attend avec impatience que le pont soit construit pour inventer de nouvelles légendes, audibles par tous.
Un corps lumineux et un corps sombre, tous deux traités avec la même austérité, et parfois le son d’une cloche, un gong qui vient déchirer le tissu de l’histoire, et nous voilà ailleurs. » Marion Guilloux, Le Souffleur





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